L’impact de l’endométriose sur le travail

Le 10/07/2025

Dans Santé et Sécurité

L’endométriose est une maladie inflammatoire chronique qui touche 2,5 millions de femmes en âge en procréer en France. Elle impacte la vie privée des femmes, mais aussi leur vie professionnelle. Si vous souffrez d’endométriose, découvrez comment vous pouvez être accompagnée au travail, que vous soyez entrepreneure ou salariée.

Endométriose : symptômes, conséquences, sensibilisation, solutions

Quels sont les symptômes de l’endométriose ?

L’endométriose est une maladie inflammatoire chronique qui touche environ 2,5 millions de femmes en âge de procréer en France (soit 1 femme sur 10), d’après le Ministère de la santé et des solidarités. Cela signifie que de nombreuses entrepreneures et salariées sont concernées par celle-ci.

Parmi les symptômes de l’endométriose, imprévisibles et évoluant dans le temps, on retrouve par exemple :

  • Les troubles digestifs
  • Les troubles urinaires (besoins urgents, fréquents, prolongés d’uriner, douleurs lors de la miction …)
  • La fatigue chronique
  • Des difficultés à se concentrer
  • Des difficultés à réaliser certaines tâches
  • De violentes douleurs abdominale, lombaires et pelviennes
  • Des douleurs liées à la position adoptée (changements ou tenue dans la durée : marche, position statique, debout, assis)

Quelles sont les conséquences de l’endométriose au travail ?

La vie professionnelle des entrepreneures et salariées touchées par l’endométriose peut être impactée de façon plus ou moins importante.

D’après une enquête Endovie réalisée en 2020, 65% des femmes affirment que l’endométriose est nuisible pour leur activité professionnelle. Les symptômes de la maladie entrainent notamment une baisse de la concentration et donc de l’efficacité, et nécessitent aussi de s’absenter à cause de la douleur ou pour être soignée.

Elles risquent également d’être discriminées et de ne pas évoluer professionnellement. Une enquête Endotravail menée en 2020 précise que 25% des femmes interrogées ont dû renoncer à leur statut ou arrêter leur métier à cause de l’endométriose. Cela montre que les femmes touchées par cette maladie sont concernées par le risque de précarisation et de désinsertion professionnelle.

La sensibilisation à l’endométriose et son impact au travail

L’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT) a publié sur son site trois outils permettant de mieux considérer l’endométriose au travail. Ceux-ci sont notamment destinés aux managers et personnes décisionnaires au sein des entreprises. On retrouve :

  • Un quiz pour tester les connaissances sur la maladie et leurs effets sur la vie professionnelle
  • Une affiche visant à sensibiliser les entreprises à l’importance d’adapter leur organisation du travail
  • Un guide qui montre les conséquences de cette maladie, et aide à identifier les pistes d’actions pour faciliter l’activité professionnelle des femmes concernées, et leur maintien en emploi.
Endometriose travail

Comment accompagner les femmes atteintes d’endométriose au travail ?

Congé menstruel : rejeté par le Sénat, mis en place par certaines entreprises

Le 15 février 2024, le Sénat a rejeté une proposition de loi en faveur d’un arrêt maladie sans délai de carence destiné aux femmes concernées par des menstruations douloureuses et incapacitantes. L’idée était d’instaurer un arrêt d’un an, valable pour un ou deux jours par mois, dans une limite de 13 jours par an. Celui-ci aurait pu être délivré aux femmes qui souffrent de dysménorrhée, et donc d’endométriose.

Même si le congé menstruel n’est pas prévu par la loi, plusieurs entreprises françaises ont décidé de le mettre en place pour leurs salariées afin de les accompagner au mieux. Parmi elles, on retrouve :

  • La Collective, qui propose depuis 2021 un jour de congé supplémentaire rémunéré par mois aux salariées souffrant de règles douloureuses.
  • Louis, une société toulousaine qui propose depuis 2022 un jour de congé rémunéré par mois aux femmes souffrant de dysménorrhée, sans justificatif nécessaire.
  • L’Oréal, qui prévoit depuis 2023 3 jours d’absences par an aux salariées souffrant d’endométriose diagnostiquée, sur présentation d’un justificatif médical.
  • Carrefour, qui accorde depuis 2023 12 jours d'absence rémunérés par an pour les salariées souffrant d’endométriose et reconnues comme travailleuses handicapées.
  • La Mairie de Saint-Ouen qui prévoit 2 jours de congés par mois pour les employées souffrant de règles douloureuses depuis mars 2023.
  • La métropole de Lyon qui propose 2 jours de congés menstruels aux femmes depuis Octobre 2023

Bénéficier d’arrêts de travail en cas d’endométriose

D’après l’Asssurance Maladie, une femme qui souffre d’endométriose et qui n’opte pas pour le traitement chirurgical peut obtenir des arrêts courts mais répétés par son médecin-traitant. Si elle subit une opération relative à l’endométriose, l’arrêt prescrit est plus long et la durée est adaptée en fonction de l’acte chirurgical réalisé, de son état de santé général et de la nature de sa profession.

Mise en place d’aménagements spécifiques

Le médecin du travail peut analyser les conditions de travail des salariées atteintes d’endométriose et faire le point sur les difficultés qu’elles rencontrent pour réaliser leur travail. Il peut évaluer la situation de chacune d’elles et proposer si besoin un aménagement de poste ou d’activité, un aménagement des horaires de travail et la mise en place du télétravail, une reprise temporaire à temps partiel pour motif thérapeutique. Etant donné que le médecin est soumis au secret médical, il ne communique à l’employeur que ses recommandations de mesures spécifiques, jamais sur la maladie.

En tant qu’employeur, il est bénéfique pour vos salariées et pour votre entreprise, de mettre en œuvre les aménagements proposés par le médecin du travail puisque l’amélioration des conditions de travail est positive pour leur bien-être et leur permet d’être plus performantes.

Endométriose : la mobilisation de tous pour trouver des solutions

Chacun peut se mobiliser pour trouver des solutions pour aider les femmes touchées par l’endométriose à se sentir mieux au travail. Le médecin-traitant et la médecine du travail ne sont pas les seuls acteurs à qui on peut faire appel, d’autres personnes peuvent aussi jouer un rôle :

  • Le service des Ressources Humaines d’une entreprise peut rester à l’écoute des salariées, chercher des solutions auprès des services de prévention et de santé au travail
  • La direction d’une entreprise peut négocier un accord collectif relatif aux maladies chroniques et améliorer l’organisation du travail
  • Les représentants du personnel peuvent conseiller les femmes concernées et négocier un accord collectif.
  • Le manager peut veiller à la conservation d’une charge de travail raisonnable, adapter l’activité pour faciliter le travail des salariées concernées tout en maintenant de bonnes relations avec les autres membres de l’équipe
  • Le référent handicap peut accompagner les professionnelles dans leur demande de Reconnaissance en Qualité de Travailleuse Handicapée (RQTH), car l’endométriose permet d’en bénéficier.

Bien-être au travail