Le suicide à cause du travail : repérer les signes et agir

Le 25/04/2023

Dans Communication en entreprise

La France, l’Ukraine et les Etats-Unis sont les 3 pays dans lesquels les dépressions liées au travail sont les plus nombreuses. Celles-ci peuvent mener à des suicides. D’ailleurs, en France, le nombre de décès lié au suicide est plus important que celui pour accident de la route. L’employeur doit veiller à ce que le travail n’amène pas un salarié à commettre un tel acte. Le suicide peut d’ailleurs parfois être considéré comme un accident du travail. Causes, repérage des signes, conséquences… nous vous en parlons dans cet article.

Suicide au travail : causes, prévention, repérer les signes, agir

Termes et chiffres à propos du suicide

Les conduites suicidaires sont un ensemble d’actes. Parmi elles :

  • Le suicide : le fait de se donner volontairement la mort.
  • La tentative de suicide : passage à l’acte dans le but de mettre fin à sa vie, mais non fatal
  • Les idéations suicidaires : idées selon lesquelles le suicide peut être une solution à la situation, à la douleur morale, à la détresse estimées insupportables
  • La crise suicidaire : état de trouble psychique caractérisé par des idées noires et une envie de suicide de plus en plus marquées et envahissantes. Envie d’arrêter de souffrir.
  • La menace suicidaire : volonté de suicide exprimée clairement, à l’oral ou à l’écrit, ou par tout autre moyen de communication
  • L’équivalent suicidaire : conduite ou comportement où la prise de risque est importante, même sans intention suicidaire exprimée

En France, il y a en moyenne 10 000 suicides, et plus de 150 000 tentatives de suicide. Il s’agit de la deuxième cause de mortalité chez les personnes âgées de 15 à 24 ans. Parmi les personnes qui s’ôtent la vie, 70% souffraient d’une dépression. En outre, 80% de ces personnes ont vu leur médecin dans le mois précédent.

Pourquoi le travail peut-il être la cause de suicides ?

Le suicide peut avoir plusieurs facteurs : personnels, génétiques, environnementaux, professionnels.  Le travail peut être l’une des raisons qui mène à cet acte : harcèlement moral ou sexuel, stress, rétrogradation, mise au placard, conditions de travail, burn-out, violences, incertitude de l’emploi…

Il est difficile d’obtenir des données précises car les personnes qui passent à l’acte sont peu nombreuses à laisser une lettre écrite, des preuves de la cause du suicide.

Certains suicides peuvent intervenir en dehors du travail, même s’il en est la cause. D’autres dont la cause n’est pas professionnelle, interviennent sur le lieu de travail car celui-ci donne une occasion de passer à l’acte (arme de service, médicaments à disposition, chute de hauteur…).

Qui sont les personnes les plus concernées ?

Auparavant, les personnes qui étaient le plus concernées par le suicide lié au travail étaient celles exerçant un métier physique (ouvriers, agriculteurs) de par la difficulté de leur tâches, le manque de reconnaissance, de profit…
Aujourd’hui, ce sont les personnes dont le travail les impacte moralement qui sont le plus touchées. Parmi elles, les cadres, les enseignants, les salariés du secteur privé, de la restauration, des arts et spectacles, les médecins… Ce sont souvent des personnes professionnelles et compétentes, qui ne supportent plus la pression. Cela peut se produire dans des petites comme des grandes entreprises (Renault, PSA, France Télécom, EDF…).

Suicide travail

Le suicide peut-être reconnu comme un accident de travail

Sous certaines conditions, le suicide peut être considéré comme un accident de travail. C’est par exemple le cas s’il a lieu pendant le temps et sur le lieu de travail. L’article 411-1 du Code de la Sécurité Sociale présume que l’accident est imputable au travail. Dans ce cas, la CPAM ou l’employeur qui cherche à contester cela doit prouver que l’acte suicidaire n’a pas pour cause l’activité professionnelle (exemple : antécédents médicaux, entourage personnel…).

Si un suicide survient en dehors du temps de travail et du lieu de travail, il n’est pas reconnu comme un accident de travail, sauf si les ayants droits de la victime arrivent à prouver que cela est arrivé à cause du travail (ex : écrit laissé par le salarié accusant le travail).

Prévention du suicide

En 1996, lors de la première Conférence nationale de santé, la prévention du suicide était parmi les dix priorités nationales de Santé publique. Il est essentiel de prévenir les risques psychosociaux, de définir les facteurs professionnels nuisibles aux salariés, et d’analyser l’acte suicidaire dans la mesure où un suicide est survenu sur le lieu de travail. Si un salarié est passé à l’acte au sein de l’entreprise, l’employeur doit s’assurer que les autres salariés ne ressentent pas la même souffrance afin d’éviter un autre suicide.
En outre, certains préjugés sur le suicide sont à bannir. Ce dont il faut se rappeler :

  • Il ne s’agit ni d’un acte de lâcheté, ni de courage
  • On dit souvent que généralement, les personnes qui se suicident n’en n’ont jamais parlé. Or, parmi les personnes qui passent à l’acte, 75% d’entre elles ont déjà verbalisé leur intention de se suicider.
  • Mieux vaut dialoguer et écouter une personne qui a des idéations suicidaires que la laisser seule, afin d’éviter l’acte suicidaire.

Suicide : repérer les signes pour l’éviter

Comment évaluer la gravité de la situation et éviter le pire ? Certains éléments peuvent alerter d’un risque de suicide :

  • Signes de dépression : isolement anormal, tristesse, pensées négatives
  • Absence ou expression constante du mal-être
  • Mise en ordre dans les affaires personnelles
  • Obtention de moyens permettant de suicider (arme, médicaments…)
  • Existence de troubles psychiatriques
  • Sentiment d’avoir tout essayé pour remédier à la situation
  • Antécédents personnels ou familiaux
  • Verbalisation directe ou indirecte de l’intention du suicide. Par exemple : "je ne peux plus continuer", "on verra si je suis toujours là", ou "je vais me tuer", "ce serait mieux si j’étais mort"
  • Perte d’estime de soi et d’espoir

Que faire suite à un suicide ?

Une tentative de suicide ou un suicide est une situation choquante, voire traumatisante, à laquelle il est nécessaire de réagir rapidement, d’autant plus lorsqu’il est survenu au travail :

  • Appel des secours
  • Protection des témoins confrontés à la scène
  • Protection visuelle des lieux
  • Information des proches
  • Information des collègues
  • Prise en charge des témoins choqués
  • Prise en charge de la victime (en cas de tentative)
  • Déclaration de l’accident de travail
  • Remise rapide en état du lieu

Des recherches de facteurs liés au travail doivent être réalisées par l’employeur, même sans présomption d’un lien avec le travail. Cela montre aux salariés que l’entreprise ne prend pas cet événement à la légère, qu’elle veille à leur santé et leur sécurité. Des mesures doivent être mises en place rapidement afin d’éviter d’autres actes suicidaires si le travail était l’une des causes.

Suite à cet acte survenu au travail, différentes enquêtes peuvent être menées par différents organismes : la police, l’inspection du travail, la CPAM, les caisses régionales de l’Assurance Maladie. Celles-ci ont pour but de clarifier les faits, recueillir des témoignages, constater des infractions, déterminer le caractère professionnel de l’acte, mettre en évidence les facteurs de risques…

Bien-être au travail Accident du travail