Lutte contre la discrimination au travail liée à l'obésité et surpoids

Le 25/08/2025

Dans Santé et Sécurité

Le surpoids et l’obésité représentent le 5ème plus gros risque de décès dans le monde et fait au moins 2,8 millions de victimes chaque année. La proportion de personnes concernées ne cesse d’augmenter depuis quelques années. L’obésité et le surpoids font partie des principaux critères de discrimination au travail, après l’âge.

Lutter contre les discriminations liées au surpoids et à l'obésité au travail

Le surpoids, l'obésité et la grossophobie

Selon une étude réalisée par l’Inserm en 2023 :

  • 47% des français sont en surpoids (IMC supérieur à 25)
  • 17% des adultes français sont obèses (IMC supérieur à 30), soit plus de 8,5 millions de personnes.

Selon l'OMS, plus d'un milliard de personnes dans le monde sont touchées par l'obésité, un nombre qui ne cesse de progresser depuis des dizaines d'années.

Le surpoids et l'obésité peuvent être d'origine héréditaire, métabolique, psychologique, comportementale ou externe (conditions de travail, situation sociale et économique, culture ...).

Les personnes corpulentes peuvent être perçues, jugées, discriminées et harcelées à cause de leur poids : il s'agit de grossophobie. Pour certaines personnes, l’obésité est synonyme de manque de dynamisme, d’inefficacité, de paresse, de manque de volonté, d’épuisement plus rapide, ou alors, elles peuvent simplement ressentir du dégout.

La discrimination liée au surpoids et à l'obésité : avant et après l'embauche

En France, la loi du 16 novembre 2001 interdit toute forme de discrimination (physique, âge, situation familiale, ethnie …) dans le monde professionnel.

Discrimination liée au surpoids et à l'obésité lors du recrutement

Selon les tests de discrimination à l'embauche réalisés par le sociologue et professeur français Jean-François Amadieu, un candidat obèse à en moyenne 30% de chances en moins d'obtenir des réponses positives suite à l'envoi de son CV contenant sa photo.

Une étude d'Asterès pour Novo Nordisk publiée en Juillet 2025 montre que les compétences et qualifications des femmes sont parfois sous-estimées ou ignorées en raison de leur obésité.

D'après le 9e baromètre de la perception des discriminations dans l'emploi datant de février 2016, réalisé auprès de 1000 demandeurs d’emploi, âgés de 18 à 65 ans :

  • l’apparence, un style vestimentaire atypique ou la corpulence influencerait le choix du recruteur.
  • les femmes subissent deux fois plus de discriminations à l’embauche en raison de leur apparence physique que les hommes (quel que soit leur âge, poids, style, niveau d’études …). 
  • les femmes obèses seraient discriminées à l'embauche huit fois plus que les femmes ayant un indice de masse corporelle normal. Pour les femmes en surpoids, quatre fois plus. Pour les hommes obèses, trois fois plus.
  • 6% des hommes et 10% des femmes affirment avoir subi une discrimination liée à leur apparence physique dans l’obtention d’un emploi.

Selon le 14ème édition du baromètre de la perception des discriminations dans l'emploi de 2021, 9% des jeunes de 18 à 34 ans ont déjà pris ou perdu du poids pour passer un entretien d'embauche et obtenir un emploi.

En outre, la vision de certains métiers reste stéréotypée (assistante, hôtesse d’accueil, commercial, videur…), et le culte de la minceur mis en avant par la société persiste : ce qui continue d’influer les décisions lors des recrutements. Ainsi, les personnes corpulentes ont plus de difficultés à obtenir un poste nécessitant d’être en contact direct avec des personnes externes à l’établissement.

Discrimination liée au surpoids et à l'obésité après l'embauche

L'étude d'Asterès pour Novo Nordisk publiée en Juillet 2025 montre que :

  • les femmes obèses gagnent en moyenne 396 euros net de moins qu'une personne de corpulence normale.
  • le taux d'emploi des femmes obèses est inférieur à la moyenne générale
  • l'évaluation des performances des femmes en surpoids est parfois influencée en raison des stéréotypes liés au poids
  • les femmes obèses peuvent avoir moins d'opportunités d'évolution de carrière (absence de promotion, exclusion de projets ...).

De plus, le 9e baromètre  sur la perception des discriminations dans l’emploi de 2016 confirme que la discrimination continue après l'embauche : les salariés corpulents acceptent plus facilement des postes sous-qualifiés par rapport à leur niveau,  sont confrontés plus fréquemment à des ruptures de contrat, rencontrent des difficultés relationnelles, ont moins de promotions et d'évolutions professionnelles que les autres.

D'après ces études, les femmes sont les plus discriminées par rapport à leur apparence et leur poids, que ce soit au moment du recrutement ou une fois en poste.

Obesite surpoids travail discrimination

Lutter et agir contre la grossophobie au travail

Conseils pour lutter contre la grossophobie

Afin d'éviter les discriminations grossophobes, plusieurs mesures peuvent être mises en place :

  • Sensibilisation sur le surpoids et l'obésité pour casser les stéréotypes
  • Prévention du harcèlement relatif à l'apparence physique
  • Mettre en place une charte promouvant l'inclusivité
  • Désignation d'un référent au sein de l'entreprise pour veiller au respect d'autrui et à l'accompagnement des victimes

Comment agir en cas de grossophobie ?

Lorsqu'on est témoin ou victime de grossophobie, agir est essentiel :

  • Faire appel à un avocat spécialisé selon l'ampleur de la situation
  • Signaler les faits à la hiérarchie, au référent désigné, aux représentants du personnel ou à la médecine du travail
  • Parler de la situation à des personnes de confiance
  • Rassembler des preuves (témoignage, messages, description des faits ...)
  • Déposer plainte (article 225-1 du Code pénal) : procureur de la République, police, gendarmerie.
  • Saisir le conseil de prud'hommes en cas de discrimination à l'embauche (article 1132-1 du Code du travail).
  • Saisir le Défenseur des droits par téléphone, par courrier ou en ligne

Conséquences de la grossophobie dans le monde professionnel

La grossophobie au travail a d'importantes conséquences, que ce soit pour les victimes ou les entreprises :

  • Réduction des chances d'embauche
  • Attribution de postes sous-qualifiés
  • Inégalités salariales
  • Frein à l'évolution professionnelle
  • Affectation de la santé mentale des victimes : mal-être, anxiété, dépression, baisse de l'estime de soi, troubles alimentaires
  • Aggravation des problèmes de santé physiques (hypertension, troubles cardiaques, diabète)
  • Baisse de la productivité
  • Baisse de motivation
  • Isolement social
  • Prises de décisions dangeureuses pour la santé (régimes, chirurgie, surmenage, prise de médicaments, abus de substances ...)
  • Evitement du monde professionnel (arrêt maladie, absence de recherche d'emploi)
  • Dégradation de l'ambiance de travail
  • Dégradation de la marque employeur
  • Difficultés à recruter pour l'entreprise
  • Baisse d'attractivité de l'entreprise
  • Hausse de l'absentéisme et du turnover
  • Risques juridiques liés au harcélement et à la discrimination

Discrimination au travail