Certaines personnes pensent occuper un emploi inutile (bullshit job)

La notion de bullshit job

L’anthropologue David Graeber a popularisé le terme « Bullshit job » grâce à son livre du même nom paru en 2018, après 5 ans de recherches. Il s’agit d’un emploi inutile, dont on ne perçoit pas le sens. Il ne s’agit pas de ne pas aimer son travail, mais de son intérêt vis-à-vis de la société. Souvent, les personnes qui occupent un bullshit job n’en ont pas conscience.

En outre, l’anthropologue a expliqué que d’après plusieurs études, 37 à 40% des personnes sondées au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas étaient sûres que leur travail à temps plein n’apportait rien d’important au monde.

De plus, une étude de 2019 menée auprès d’environ 10 000 personnes par l’institut d’études Kantar TNS pour Randstad montre que 18% des français ont le sentiment d’occuper un emploi inutile. Que vous voyez entrepreneur individuel ou salarié, il se peut que vous vous sentiez concerné.

Les types de bullshit jobs

David Graeber indique qu’il n’y a pas de définition précise du concept, mais qu’il est possible de distinguer 5 catégories de bullshit jobs :

• Le larbin : Il met en avant d’autres personnes, leur donne l’impression d’être importantes et flattent leur égo.
• Le rafistoleur : Il ne fait que corriger les erreurs des autres et résoudre des problèmes qui ne devraient pas exister.
• Le porte-flingue : La profession n’existe que par mimétisme : les concurrents emploient à ce poste. Le travail a une dimension agressive.
• Le cocheur de cases : Il permet à une entreprise de feindre de faire quelque chose, alors qu’elle ne fait rien en réalité.
• Le petit chef : Il délègue des tâches qui pourraient être réalisées sans lui et surveille des personnes travaillant déjà en autonomie.

Voici quelques questions à se poser pour savoir si on occupe potentiellement un bullshit job :

• Est-ce que mon travail est utile à la société ?
• Quelle serait la différence si mon travail disparaissait ?
• Mon métier est-il concret ? Peut-il être présenté clairement ?
• Mes collègues exercent-ils des emplois inutiles ? Si oui, c’est peut-être aussi mon cas.
• Mon travail est-il épanouissant et en accord avec mes valeurs personnelles ?

Comment redonner du sens à son travail ?

Des solutions radicales

D’après les français, il existe différentes façons pour retrouver un intérêt professionnel. Pour 43% d’entre eux, une remise en question totale est nécessaire, ils comptent sur eux-mêmes.

Les solutions les plus radicales et efficaces sont, d’après les personnes interrogées, de lancer sa propre activité (23%) ou de changer radicalement de métier (20%).

Un peu de concessions

Pour redonner du sens à leur emploi, les français sont prêts à faire quelques concessions :

• Passer par une période de formation et reconversion moins bien rémunérée (48%)
• Accepter une mobilité géographique (41%)
• Renoncer à un CDI (28%)
• Accepter des conditions de travail moins avantageuses (25%)
• Avoir une couverture chômage, santé ou retraite plus faible (22%)
• Accepter un salaire moins élevé (20%)

Des petits changements

Quelques personnes pensent que redonner du sens à son travail est possible avec de petits changements :

• Mobilité interne (13%)
• Garder le même poste, dans un autre secteur d’activité (12%)
• Changer de type d’organisation : entreprise, association, ONG… (10%)

Par ailleurs, 22% des personnes interrogées ne sont convaincues par aucun des moyens proposés dans la liste pour redonner du sens à son emploi.