Application de la liberté de religion au travail

Le 28/08/2025

Dans Droits et obligations

D'après le baromètre du fait religieux en entreprise de l'Institut Montaigne datant de 2024, 71,3% des entreprises ont observé des faits religieux en 2024, contre 50% en 2015. Au travail, les salariés sont libres d’exprimer leur religion, mais des restrictions peuvent être prévues par l’employeur dans certains cas. Le salarié doit donc les respecter. Par ailleurs, un guide du fait religieux dans l’entreprise est proposé en ligne par le gouvernement depuis 2016.

Application de la liberté religieuse dans le cadre professionnel

Le fait d’avoir une conviction religieuse ainsi que l’expression de celle-ci ne peuvent être interdits au salarié. Il est illégal de discriminer, sanctionner ou licencier en raison de l’appartenance religieuse du salarié, conformément à l'article L1132-1 du Code du travail. Aussi, l'article L1321-3 du Code du travail précise que le règlement intérieur ne peut contenir de dispositions discriminantes concernant les convictions religieuses.

Limites au droit d’expression de la religion

Les règles concernant le droit d'expression de la religion sont les suivantes :

  • Les abus du droit d’expression (prosélytisme, actes de pression ou d’agression…) sont interdits et peuvent être sanctionnés par l’employeur.
  • Il est interdit de refuser totalement l’expression de la religion d’un salarié, mais des restrictions peuvent être appliquées si celles-ci sont justifiées par la nature de la tâche à réaliser et proportionnées au but recherché (article L1121-1 du Code du travail). L’employeur peut restreindre le droit d’expression religieuse dans certains cas.

Nuisible au bon fonctionnement de l’entreprise

La pratique religieuse doit être compatible avec les horaires, le respect des lieux de travail, les tâches confiées. Une revendication (autorisation d’absence pour fêtes, aménagement du temps de travail pour les prières...) ne peut s’imposer face aux nécessités du bon fonctionnement de l’entreprise.

raisons d'hygiène sanitaire, de santé ou de sécurité au travail

Une restriction peut être appliquée, en cas d’incompatibilité entre le port d’un signe religieux et l’équipement obligatoire de protection, en cas de risques (mécaniques ou chimiques) augmentés par le port de vêtements ou d’insignes non adaptés, pour les visites médicales obligatoires...

Lorsque le travail est exercé dans une entreprise, dont l’accès est réservé au personnel, le port d’une tenue cachant le visage ne peut être refusé en se basant sur cette interdiction. Il peut être interdit uniquement en raison de la nature des tâches à accomplir, de la santé ou de la sécurité.

La dissimulation du visage

Dissimuler son visage pour des motifs religieux, avec une tenue qui rend impossible l’identification de l’individu (voile intégral, cagoule...), est interdit lorsque le travail est exercé :

  • Dans un lieu public (cinéma, commerce, banque, gare...), conformément à l'article 1 de la loi n° 2010-1192 du 11 octobre 2010.
  • Dans un organisme chargé d'une mission de service public (clinique privée, caisse primaire d'assurance maladie...), selon la circulaire du 2 mars 2011.

En cas de non-respect, le salarié peut être sanctionné ou licencié, et encourt une amende de 150€ maximum.

Religion travail

Mise à disposition d'un guide pratique du fait religieux

Un guide pratique du fait religieux dans l’entreprise (port de signes religieux, demandes d’absences, prière, prosélytisme, refus de réaliser certaines tâches…) a été présenté par la ministre du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social, aux partenaires sociaux le 7 novembre 2016. Depuis cette date, il est disponible en ligne sur le site travail-emploi.gouv.fr et a connu des évolutions.

Son but est de faciliter la gestion du fait religieux en entreprise pour les employeurs. D’abord, le droit en vigueur et les limites qui peuvent être apportées sont rappelés. De plus, de nombreux cas pratiques concernant toutes les dimensions de la vie au travail (recrutement, congés, restauration, obligations vestimentaires...) permettent de répondre concrètement aux questions récurrentes des salariés et des employeurs. Par exemple :

  • L’appartenance ou non à une religion peut-elle être précisée dans une offre d’emploi ?
  • Peut-on interdire à ses salariés de prier durant leur temps de travail ?
  • Demander des informations sur la religion lors d’un entretien d’embauche est-il possible ?
  • L’employeur peut-il sanctionner un salarié pour absence sans autorisation pour célébration d’une fête religieuse ?